Agression au couteau : pour un entraînement réaliste

Publié le 21 Septembre 2013

Publié par Stéphane

 

Le couteau est une arme à laquelle on peut facilement être confronté dans la rue : facile à se procurer, bon marché, facile à dissimuler. Même manipulée par un néophyte, les conséquences d'une attaque au couteau peuvent être dévastatrices. Une simple coupe peut sectionner des tendons et rendre un bras ou une main inutilisable. Une seule coupure peut aussi suffire à tuer. C'est une arme discrète et très "glissante", il est très difficile de la stopper sans subir de dommages.

 

Bon nombre d'arts martiaux traitent les attaques au couteau. Les réponses apportées sont souvent très proches et peuvent sembler efficaces. Le problème majeur est très souvent que les pratiquants d'arts martiaux travaillent sur des attaques annoncées (le couteau est sorti et visible avant l'attaque) lancée à une distance de deux enjambées (deux mètres environ). Cette situation laisse largement le temps de réaction nécessaire à une défense sophistiquée. Mais une attaque réelle dans un contexte d'agression urbaine suit une logique complètement différente. Il s'agit d'une logique de compression et d'écrasement. Il faut attaquer par surprise, en réduisant au maximum la distance et en usant de ruses pour que la victime comprenne le plus tard possible ce qui est en train de se passer.

L'entraînement classique des arts martiaux peut donc être pertinent si il s'agit d'une première étape d'apprentissage. On n'apprend pas à conduire en prenant d'emblée les commandes d'une voiture de rallye sur un circuit de montagne ! Mais pour que cet entraînement soit valide il faut ensuite passer à une seconde phase qui va consister à raccourcir la distance, jusqu'à ce que l'attaque parte d'une distance inférieure à un bras, et à la mêler à des phases de frappe ou de saisies. La troisième phase consistant à ajouter des facteurs d'incertitude : on ne sait pas si l'agresseur a ou non une arme qui peut surgir à tout moment (debout ou au sol). On peut compliquer cette phase en y ajoutant des facteurs de pertubation psychologique : gestion verbale, bouculade, insultes, présence de plusieurs agresseurs, bruit, manque de lumière... La quatrième phase va intégrer des facteurs environnementaux : manque d'espace, obstacles, position assise ou à terre, possibilité d'utiliser des objets pour se défendre...Toutes ces phases peuvent être testées avec des mises en situation réalistes en utilisant des protections adaptées et des couteaux marqueurs (système virtual blade par exemple) ou le shocknife (couteau à impulsion électrique).

Si la première phase d'apprentissage n'est pas suivie d'autres phases plus réalistes, son intérêt est quasiment nul. Pire, elle peut même créer un faux sentiment de confiance chez le pratiquant d'arts martiaux.

Ci-après deux vidéos qui mettent bien en évidence cette différence profonde entre l'entraînement classique et des situations plus réalistes :


 

 

 

Certains rétorqueront que ces attaques ne sont pas des attaques "d'experts" dans le maniement des armes blanches. Soyons réalistes vous avez peu de chances d'être agressé par un maître de kali ! Travailler à longueur d'année sur des drills prédéfinis est complètement inutile face à une attaque réelle type "machine à coudre" (on pique plusieurs dizaines de fois de suite avec brutalité).

Je suis très septique également sur les techniques qui visent à rester décontracté et relaché pour mieux réagir. C'est facile à l'entraînement dans un environnement sécure avec un partenaire sympa et un couteau factice mais c'est oublier qu'une attaque au couteau a un fort impact psychologique (la seule vue d'une vraie lame peut suffire à vous faire perdre tous vos moyens !) et face à une vraie attaque-surprise le conditionnement opérant est courcuité par le sursaut-réflexe. En d'autres termes, le cerveau reptilien (celui qui vous fait retirer immédiatement la main quand vous la posez sur un objet brûlant avant même d'avoir analysé la situation) prend le dessus en utilisant des schémas de protection pré-établis qui sont souvent très différents des techniques sophistiquées travaillées à l'entraînement. On se rend compte lors de la deuxième phase d'apprentissage que dès que l'attaque part de très près, des gestes réflexes prennent ainsi le dessus, même chez pratiquants qui ont plus de vingt ans d'entraînement dans les arts martiaux classiques !

 

Enfin, il faut prendre en compte la diversité des armes blanches utilisées dans la rue. Dans les arts martiaux on utilise classiquement des couteaux d'entraînement avec des lames de 20 cm environ, héritées du tanto japonais ou du modèle militaire contemporain. Les armes blanche utilisées dans la rue sont souvent beaucoup plus diverses : machette, griffe, cutter, lame de rasoir, push-dagger... beaucoup de techniques classiques deviennent alors inopérantes (la lame est trop longue ou trop courte, le désarmement est impossible, la tenue de l'arme et les angles d'attaque sont résoluments différents...).

 

Cela ne signifie pas que les techniques héritées des arts martiaux classiques sont complètement inefficaces. Une technique telle que Kotegaeshi (retournement du poignet) qui provient de l'héritage technique de l'Aïkijutsu et que l'on retrouve dans l'Aïkido, le Judo-Jujitsu, le Krav-maga, le JKD a une réelle efficacité. Mais il faut prendre en compte que la façon d'ammener la technique (déplacement et prise de contact) sera complètement différente sur une attaque annoncée à longue distance classique et sur une attaque surprise à très courte distance. Il faut pour cela la tester dans les différentes phases d'apprentissage pour comprendre comment l'appliquer réellement.

 

On peut aussi opter pour une approche technique moins sophistiquée et plus facile à appliquer, les techniques de clés ou de projection des arts martiaux classiques nécessitant généralement des habilités motrices fines qui sont inopérantes en état de stress ! La priorité est alors de protéger les zones vitales, de sécuriser l'arme et frapper l'agresseur avec un engagement total jusqu'à ce qu'il ne représente plus une menace. Bien sûr la fuite ou une utilisation judicieuse de l'environnement ou d'objets sera toujours préférable mais cela nécessite encore de disposer d'un espace temps suffisant !


 


 



 

Rédigé par self-defense-besancon.over-blog.com

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