Classification des méthodes de Self-Défense

Publié le 1 Septembre 2017

Article publié par Stéphane

 

Les néophytes se posent souvent beaucoup de questions sur les arts martiaux, sports de combat et autres méthodes de Self-Défense. Des questions qui se résument souvent à "qui me rendra le plus fort", " quelle discipline est la plus efficace" et qui expriment le besoin d'être conforté dans leur choix. Un choix tout autant influencé par les magazines, les jeux vidéo, le cinéma et les phénomènes de modes que par une vraie réflexion.

C'est pour vous éclairer sur quelques-unes des principales disciplines martiales utilisées en Défense Personnelle que j'avais ainsi développé la série d'articles sur les arts martiaux et la Self-Défense.

Mais le monde des arts martiaux est vaste et il parfois nécessaire de le réduire en classant les disciplines par familles. Les magazines spécialisés proposent ainsi régulièrement des classifications arbitraires des arts martiaux (surtout à l'approche de la rentrée sportive). On distingue ainsi plusieurs familles de pratiques martiales aisément identifiables :

- les arts martiaux traditionnels : leur objectif premier est la transmission d'un catalogue de techniques ancestrales développées sur les champs de batailles du passé. Chaque discipline a son costume traditionnel, ses codes, son étiquette... 

- les arts martiaux sportif et les sport de combats : la finalité de ces disciplines est la compétition sportive (le jeu ou sport),

- les arts de bien-être : certaines disciplines ont délaissé leur martialité originelle pour évoluer vers une préoccupation première de bien-être ou de santé,

- les arts éducatifs : la martialité est surtout un prétexte pour servir de support éducatif (physique, psychologique, moral...).

Bien sûr les frontières sont parfois brouillées puisqu'une même discipline peut avoir plusieurs versants suivant les publics auxquels elle s'adresse ou suivant l'état d'esprit du professeur. Un club de Judo peut ainsi proposer des cours enfants à forte teneur éducative, préparer des compétiteurs, transmettre une tradition martiale (jujitsu), ou développer le bien-être (Taïso).

Au final il est presque aussi difficile de s'y retrouver pour le débutant qui veut apprendre à se défendre que lorsqu'il s'agit de choisir une bouteille pour quelqu'un qui n'y connaît rien au vin!

Il est donc important de bien définir ses objectifs et de bien connaître les composantes, les caractéristiques, l'histoire et la philosophie de chaque discipline pour savoir si on est sur la voie qui nous convient. On peut parfaitement s'épanouir dans une discipline de bien-être si on ne cherche pas l'efficacité en combat ! Il faut bien garder à l'esprit que beaucoup de pratiquants (mais aussi d'enseignants) d'arts martiaux ne se préoccupent pas vraiment de martialité ou d'efficacité. Il y a de nombreuses autres motivations à une pratique "d'origine" martiale. A contrario certains pratiquants ont absolument besoin de confrontation physique pour s'épanouir.

Avi Nardia en action - Crédits photo : 123RF

Avi Nardia en action - Crédits photo : 123RF

Mais pour tous ceux qui cherchent avant tout une méthode de défense pour faire face au monde réel et améliorer leurs chances de survie (il ne s'agit alors pas de gagner un combat ou de prouver sa force) je conseillerais une classification en 4 grandes familles facile à appliquer à la plupart des méthodes de Self-Défense :

- Les méthodes déclinées d'une discipline martiale unique : on adapte le catalogue technique d'une discipline martiale à des situations un peu plus réalistes. Cela se traduit généralement par l'abandon du kimono pour un tee-shirt et souvent par l'ajout du suffixe "Défense" à la discipline de base.

+ : expertise dans un domaine d'action

- : il s'agit souvent d'une démarche de captation de nouveaux publics qui tient plus du marketing ou d'une politique de développement que d'une réelle connaissance de la Self-Défense

 

- Les méthodes composites ou hybrides : elles mélangent plusieurs arts martiaux pour obtenir un système qui soit aussi complet techniquement que possible.

+ : bagage technique varié

- : on mélange parfois des techniques qui reposent sur des stratégies d'action ou une utilisation du corps complétement différentes, voire incompatibles. Il y aussi un aspect "compilation interminable de techniques" qui peut compliquer le processus décisionnel en situation de stress.

 

- Les méthodes de Close-Combat : on utilise un enseignement développé pour des professionnels (militaires) pour un public civil.

+ : méthodes réalistes éprouvées sur le terrain et généralement assez récentes

 - : on ne prend pas en compte les différences profondes qui existent entre personnel militaire et civil (âge, forme physique, temps consacré à l'entraînement, équipement, cadre légal...).

 

- Les méthodes modernes qui se basent sur la réalité : souvent d'origine anglo-saxonne ces méthodes ne se basent pas sur une connaissance approfondie des arts martiaux mais étudient la réalité (situations courantes d'agression, utilisation des statistiques, analyse de cas réels, connaissance du fonctionnement du corps et de l'esprit en situation de stress, gestion verbale, adaptation au cadre légal local...) et cherchent les comportements les plus simples et efficaces de survie.

+ : méthodes réalistes et pragmatiques qui utilisent plus souvent la pédagogie par adaptation de l'environnement (plutôt que la pédagogie par imitation). L'élève trouve par lui-même des solutions qu'il mémorise mieux.

- : on constate souvent un manque de connaissances profonde des techniques martiales. 

 

La méthode idéale de Self-Défense n'existe pas. Elle devrait intégrer toutes les qualités de ces différentes familles (expertise techniques dans plusieurs domaines, polyvalence, techniques éprouvées récemment sur le terrain, étude sérieuse de la réalité...) sans en cumuler les défauts ! Elle devrait de plus prendre en compte le principe d'unicité : nous sommes tous uniques, donc tous différents. C'est-à-dire que nous avons tous des aptitudes physiques et psychologiques différentes qui rendent notre capacité à assimiler des techniques de défense plus ou moins efficiente selon la méthode choisie. La méthode qui sera efficace pour l'un ne l'est pas forcément pour l'autre.

 

J'ai d'ailleurs souvent entendu dire que ce n'est pas la discipline qui fait l'efficacité mais l'homme. Dans chaque discipline vous trouverez des grands maîtres très convaincants (et très efficaces !) mais aussi beaucoup de gens médiocres. J'ai souvent été surpris en côtoyant de grands techniciens, de constater que la plupart du temps, même leurs élèves les plus assidus n'étaient pas capables de reproduire leurs prouesses. Parce que le succès de ces maîtres est avant-tout leur succès personnel plus que celui de leur discipline. Capacités hors-normes, charisme personnel ou entraînement d'une vie ? Peut importe, restez réalistes et ne perdez pas de vue l'essentiel : face à la réalité le principal est d'assurer sa survie, ce que tous les animaux font instinctivement depuis la nuit des temps, le reste n'est que poésie (ou marketing). Quant au choix d'une discipline, le principal est de parvenir à s'épanouir dans l'approche proposée, c'est la condition essentielle pour pouvoir s'engager dans une pratique régulière et pérenne.

Rédigé par self-defense-besancon.over-blog.com

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